“Gardez vos amis près de vous, et vos ennemis encore plus près.” Donald Trump a probablement fait siennes ces paroles, car il a trouvé de nouveaux ennemis tout près de lui. Il déclare ouvertement une trade war (guerre commerciale) contre le Canada, le Mexique et la Chine, imposant de lourds tariffs (droits de douane) sur tous les produits, marquant un tournant significatif par rapport à la première guerre commerciale de son premier mandat. De nombreux médias américains qualifient cette nouvelle guerre commerciale de « la plus stupide de l’histoire », tandis que Donald Trump estime qu’elle est nécessaire pour restaurer la position des United States sur la scène internationale. Cette guerre commerciale est-elle judicieuse ? Fait-elle partie d’une stratégie ? Qui va perdre et dans quelles proportions en raison de la politique commerciale agressive des Etats-Unis ?
Trump impose des droits de douane sur le Canada, le Mexique et la Chine
Bien que Trump ait longtemps promis d’imposer d’énormes droits de douane aux économies avec lesquelles les Etats-Unis ont les plus importants échanges, les marchés n’étaient pas entièrement convaincus par ses déclarations. Finalement, le premier jour de février, Trump a signé des décrets imposant des tariffs de 25% sur tous les biens en provenance du Canada et du Mexique, ainsi que de 10% sur tous les produits chinois. La seule exception concerne les matières premières énergétiques en provenance du Canada, pour lesquelles les tariffs ne s’élèveront qu’à 10% et n’entreront en vigueur que le 18 février, au lieu du 4 février.
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Ouvrir un compte DÉMO GRATUITE Téléchargez notre application mobile Téléchargez notre application mobileConséquences économiques : qui sera le plus touché ?
Les tariffs signés par Trump visent 1 300 milliards de dollars de produits, soit trois fois plus que lors de la première guerre commerciale du premier mandat de Trump. À l’époque, les tariffs concernaient des produits et secteurs spécifiques. Cette fois, l’ampleur est générale, soulevant des questions quant à leur justification et leur pérennité. Cependant, si ces tariffs sont réellement maintenus, l’economy américaine pourrait en subir un impact majeur. Les estimations indiquent que la croissance économique en 2025 pourrait être réduite de 0,7 à 1,6 point de pourcentage, et de plus de 2 points de pourcentage d’ici 2026. Mais ce n’est pas tout. Le modèle de la Fed prévoit un impact significatif sur l’inflation, autour de 0,7 point de pourcentage. Dans un tel scénario, la probabilité de nouvelles baisses du interest rate deviendrait négligeable, ce qui, du point de vue des American businesses, des citoyens et des investisseurs de Wall Street, est plutôt négatif.
Donald Trump reconnaît lui-même que l’impact des tariffs pourrait être négatif pour les citoyens américains, mais il met en avant le sacrifice nécessaire pour améliorer la situation à long terme. Cependant, si les tariffs se concrétisent, une baisse du GDP (PIB) est presque certaine pour le Canada et le Mexique, qui dépendent fortement du commerce avec les Etats-Unis. Au Mexique, pas moins de 16% du PIB est lié au commerce américain, tandis qu’au Canada, ce taux avoisine 14%. En ce qui concerne la Chine, ce pourcentage dépasse légèrement 2%, de sorte que l’impact sur son économie ne devrait pas être aussi drastique que pour les pays nord-américains.
Il est probable qu’il y ait un net ralentissement des échanges en Amérique du Nord, ce qui pourrait également affecter négativement les pays qui fournissent des produits au Canada et au Mexique. En revanche, les Etats-Unis pourraient potentiellement rechercher des alternatives moins onéreuses dans d’autres régions du monde. Cela pourrait représenter une opportunité pour certains pays asiatiques (autres que la Chine) d’augmenter leurs exports.
Quelles industries seront sous pression ?
Le secteur automobile américain est fortement intégré. Avant qu’une voiture ne soit vendue, certaines de ses pièces traversent plusieurs fois les frontières. Ainsi, imposer des tariffs sur le Mexique et le Canada revient, en réalité, à imposer des tariffs aux constructeurs américains. Bien sûr, Trump souhaite rapatrier toute la production aux United States, mais cela n’est pas réalisable à court terme et entraînerait des coûts colossaux. Les premières estimations suggèrent que le prix moyen d’une voiture américaine pourrait augmenter d’environ 3 000 dollars, une hausse significative compte tenu du prix moyen actuel, situé entre 45 000 et 50 000 dollars. Il convient également de noter que l’inflation de ces dernières années a été fortement influencée par l’évolution du secteur automobile.
Une attention particulière doit aussi être portée aux secteurs de l’électronique et du textile. Prenons l’exemple de Apple, qui fabrique la grande majorité de ses produits en Chine, tout comme Nike. Bien sûr, ces deux entreprises ne sont que des exemples parmi d’autres, mais il est probable que de nombreuses sociétés répercutent l’augmentation des coûts sur les consommateurs. Au final, on estime que le ménage américain moyen pourrait perdre entre 2 500 et 3 000 dollars par an en raison de l’ampleur actuelle de la trade war. Si les tariffs sur la Chine venaient à être encore augmentés et que des tariffs étaient imposés aux pays de l’Union Européenne, ces coûts pourraient grimper encore davantage.
L’Europe a-t-elle des raisons de s’inquiéter ?
L’Europe a souvent été dans le viseur de Trump. Il a exercé une forte pression pour que l’Europe augmente ses dépenses de défense, et ne laisse pas des dossiers comme la guerre en Ukraine reposer uniquement sur les épaules des US. Trump pointe également du doigt le large déficit commercial avec l’Union Européenne, qui pourrait théoriquement être réduit par une augmentation des achats de matières premières, notamment le gaz naturel liquéfié (LNG). Toutefois, il est fort probable que Trump cherche à imposer au moins des tariffs partiels sur les produits européens.
La situation avec l’Europe, et plus particulièrement avec l’Union Européenne, est plus complexe. Trump préférerait probablement limiter les tariffs à certains secteurs ou pays. Il envisagerait très certainement d’imposer des tariffs sur les voitures européennes, en particulier les voitures allemandes. Dans le même temps, Trump pourrait éviter d’imposer des tariffs à toutes les économies afin de s’assurer que l’Union Européenne ne riposte pas avec des tariffs de grande ampleur contre les United States. Des tariffs sur l’Europe seraient prévus pour début mars.
D’un autre côté, Trump considère son imprévisibilité comme l’une de ses plus grandes forces. Il ne serait donc pas surprenant qu’il saisisse l’instant pour imposer des tariffs sur l’Europe dès la semaine prochaine, ce qui pourrait faire chuter la paire EUR/USD sous la parité. Il convient également de noter que le déséquilibre commercial entre les United States et l’Europe est beaucoup plus important que celui entre les United States et le Canada.
Comment le marché a-t-il réagi ?
Le dollar américain a progressé en moyenne de 1% face à la plupart des devises mondiales. Les plus fortes variations ont été observées sur les paires de devises du dollar canadien et du peso mexicain. Les devises européennes telles que le złoty polonais, le forint hongrois et la couronne tchèque ont également enregistré une nette dépréciation.
Les bourses européennes ont subi de lourdes chutes, et il est difficile de trouver un indice boursier européen affichant une perte inférieure à 1%. Les investisseurs européens redoutent que des tariffs similaires à ceux imposés au Canada et au Mexique ne soient appliqués à l’Europe ou à certaines économies spécifiques.
La peur est également visible sur le marché des cryptomonnaies, où les baisses ont atteint plusieurs pourcentages. Le Bitcoin est repassé sous la barre des 100 000 dollars.
S’agit-il simplement d’une stratégie de négociation ?
Les tariffs ont été introduits sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue et l’immigration illégale aux United States. Il est donc fort probable qu’ils fassent l’objet d’un recours devant la U.S. Supreme Court. La stratégie la plus plausible serait d’imposer des tariffs sur certains produits ou secteurs spécifiques, ce qui serait plus facile à justifier légalement. En instaurant des tariffs très larges, Trump cherche avant tout à envoyer un message clair à ses partenaires : le temps des négociations interminables est révolu, et certains processus doivent être accélérés.
À long terme, aucune guerre commerciale n’est justifiable, et sa poursuite pourrait entraîner un ralentissement économique mondial. Même à l’instant où Trump a officialisé sa décision sur les tariffs, il demeure incertain qu’ils soient réellement appliqués ou qu’ils produisent l’effet escompté. Les décisions de Trump restent hautement imprévisibles, et ce n’est qu’après plusieurs semaines ou mois d’application que l’on pourra réellement évaluer leur impact sur l’économie et sur le consommateur moyen.
Ce qui est certain à ce stade, c’est que le marché restera extrêmement volatil, et d’importants mouvements sont à prévoir. Ceux-ci seront négatifs en cas de nouvelles hausses de tariffs, mais pourraient aussi être positifs si la situation se clarifie et que l’impact des tariffs s’avère moins fort que redouté.
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