Le chocolat est l'un des cadeaux les plus populaires pour la Saint-Valentin. Il est possible que nos habitudes concernant celui-ci soient bouleversées car il pourrait potentiellement atteindre des prix exorbitants. Cette situation est due à la valorisation historique du cacao pour lequel il est difficile d’entrevoir des perspectives d'amélioration.
À l'occasion de la Saint-Valentin, on peut observer dans les magasins des rayons supplémentaires pour les chocolats, pralines et autres produits à base de cacao. Cependant, le chocolat pourrait bientôt devenir un produit de luxe en raison de sa faible disponibilité. La chaîne d'approvisionnement est longue, partant des producteurs de sucre, de lait et surtout de cacao. Dans le cas de ce dernier, une telle agitation n'a pas été observée depuis les années 1970. Les prix du cacao ont dépassé les 5 500 dollars la tonne, soit un prix deux fois plus cher qu'il y a un an. Les prix du cacao pourront-ils encore augmenter ?
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Ouvrir un compte DÉMO GRATUITE Téléchargez notre application mobile Téléchargez notre application mobileDe quoi est composé le chocolat de la Saint-Valentin ?
Le chocolat le plus doux est en grande partie composé de sucre et de lait en poudre, mais c'est le cacao qui lui donne toute sa saveur. Le principal ingrédient du chocolat noir est la poudre de cacao. Dans le chocolat standard, le coût du cacao représente environ 10% du total. Même si le prix des autres ingrédients reste inchangé, le prix du chocolat devrait augmenter d'environ 11 à 12% au cours de l'année, celui-ci ayant déjà augmenté de 35% depuis début janvier et de 112% au cours des 12 derniers mois. D'autres éléments ne sont pas à négliger : le prix du sucre a légèrement baissé, le lait en poudre est nettement moins cher et le prix des emballages a considérablement diminué. D'autre part, le coût de la main-d'œuvre augmente et le transport n'est pas beaucoup moins cher. C'est donc le cacao qui explique en grande partie la hausse du prix du chocolat. Certes, une hausse de 11 à 12% reste raisonnable, mais il faut rappeler que de nombreux fabricants passent des contrats à long terme et disposent de réserves achetées à des prix beaucoup plus bas. Lorsque le prix du chocolat est mesuré en fonction du prix actuel du cacao, les prix pourraient s'envoler bien plus que les 11-12 % mentionnés.
La situation tragique de l'Afrique de l'Ouest
Plus de 65% de la production totale de cacao provient des pays d'Afrique de l'Ouest, principalement de la Côte d'Ivoire et du Nigeria. Les changements climatiques ont entraîné des anomalies météorologiques prenant la forme de sécheresses extrêmes pendant la maturation des graines de cacao et de fortes pluies pendant les récoltes. La première anomalie entraîne une réduction des perspectives de production, et la seconde l'apparition de maladies dans les cacaoyers. Cela entraîne non seulement la destruction des cultures actuelles, mais aussi une réduction des rendements futurs. Dans le cas des deux pays mentionnés, la production et l'offre ont diminué de plus de 30%. Aucune évolution de la situation n’est attendue dans les années à venir. La saison actuelle est la troisième d'affilée présentant un déficit important sur le marché et les producteurs ont des difficultés à livrer les commandes de cacao.
Pas de perspectives d'augmentation de la production
La situation météorologique difficile est une chose, mais la faiblesse des prix offerts aux agriculteurs en est une autre. Pendant des années, les positions courtes ont largement été dominantes sur les contrats à terme du cacao. Les producteurs de cacao sont généralement de petites plantations familiales qui n'ont quasiment pas de pouvoir de négociation. Ils reçoivent un prix d'achat prédéterminé, généralement peu corrélé avec le prix du marché. Souvent, les producteurs ont reçu un prix qui couvrait à peine les coûts de production et ne permettait pas d'augmenter la surface cultivée. De plus, la baisse de la demande pendant la pandémie a entraîné un manque de volonté d'augmenter les investissements. Enfin, même si les producteurs commencent à réagir à la hausse des prix, il faudra 3 à 5 ans pour que les nouvelles cultures arrivent sur le marché.
Les prix élevés sont également dus à la guerre en Ukraine.
La guerre en Ukraine a provoqué d'importantes turbulences sur le marché de l'énergie et des matières premières agricoles, mais son impact n'a pas été direct sur le marché du cacao. Néanmoins, les producteurs se sont plaints des prix extrêmement élevés des engrais, dont l'un des principaux producteurs est la Russie. L'accès réduit aux engrais et leurs prix élevés en 2022-2023 ont entraîné une baisse de leur consommation. Cela s'est traduit par une baisse des rendements actuels de cacao et une sensibilité accrue des cultures aux maladies.
Qu'en est-il de la demande ?
À long terme, la demande connaît une croissance modérée de l'ordre de 2 à 4% par an. Les plus gros consommateurs sont bien sûr les pays européens et les pays d'Amérique du Nord. Le consommateur qui connaît la croissance la plus rapide est l'Asie. L'Inde devient également de plus en plus demandeur de cacao, même si cela reste faible. Les changements dans le comportement des consommateurs feront que, dans un avenir plus ou moins lointain, la plus grande demande de cacao proviendra de l'Asie. Cela ne pose pas de problème pour l'instant, mais si l'offre ne s'adapte pas à la demande, il n'est pas exclu que d'ici 2030, le prix double et atteigne même 10 000 dollars par tonne de cacao !
Une augmentation excessive des prix peut se heurter au phénomène de destruction de la demande. De plus, le chocolat n'est pas une nécessité et des produits de substitution moins chers existent sous la forme d'autres sucreries. Aujourd'hui encore, on constate une baisse du volume des ventes aux États-Unis. Bien que la valeur totale des ventes continue d'augmenter, la quantité de chocolat vendue est en net recul, et cela n'est pas dû au fait que les consommateurs adoptent un mode de vie plus sain.
Le chocolat et la Saint-Valentin
Des études menées aux États-Unis montrent que plus de 90% des consommateurs ont l'intention d'offrir des friandises (y compris du chocolat) à l'occasion de la Saint-Valentin. En Europe, la vente de sucreries pendant la semaine de la Saint-Valentin augmente de 2 à 3 fois par rapport à une semaine normale. À l'heure actuelle, les négociants disposent encore d'importantes réserves de cacao, ce qui se traduit par une augmentation limitée des prix des produits. Toutefois, il n'est pas exclu que la prochaine Saint-Valentin nous coûte deux fois plus cher au vu du contexte actuel.
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